Dans ce présent blog, nous tenterons de faire une révision de plusieurs théories et concepts qui ont été présentés durant le mois de novembre et expliquer comment ces concepts sont importants pour les études des communications. Dans un premier temps, nous discuterons d’Habermas et sa notion « d’espace public/sphère publique». Deuxièmement, il sera important d’expliquer les éléments importants que proposent Gregory Bateson et Paul Watzlawick qui sont deux fondateurs de l’école de Palo Alto. Troisièmement, nous discuterons au sujet du structuralisme, plus particulièrement sur la sémiotique et son importance quant à la publicité.
Jürgen Habermas est un philosophe et sociologue d’origine allemande et ses travaux sont particulièrement importants pour les études de communication. Je crois que j’ai étudié ses théories et concepts dans une mesure ou une autre dans presque tous mes cours de communication que j’ai suivi pendant mon séjour à l’Université d’Ottawa. Pour Habermas, la communication est au cœur de la démocratie et c’est justement le langage qui permet le rapprochement des humains. « Linguistic communication through both verbal and symbolic exchanges, in the grand scheme of society, represents an essential part of social reproduction; that is, the dissemination, almost universalisation, of ideas and principles that inform the way society is organised. » (http://ldmac5.wordpress.com/2011/10/17/jurgen-habermas%E2%80%99s-communicative-reason-triumphs-and-limitations/) En 1962, Habermas nous présente un concept qui est d’ailleurs très important pour les sciences de l’information et de la communication: l’idée d’une sphère publique (ou espace public). Cette notion de sphère publique existe tout d’abord en lien avec la montée du modernisme (Salha, 2011). Le modèle de la sphère publique proposé par Habermas est avant tout un modèle rationaliste. Breton & Proulx (2002) explique que la sphère publique est un « espace rationnel où se discutent les questions pratiques et politiques, où la capacité de conviction des membres d’une société les uns envers les autres tient essentiellement à la rationalité des arguments; l’espace public agit ici comme instance médiatrice entre l’État, la famille et la société civile » (Breton & Proulx, 2002, p. 205). Salha (2011) explique que la pensée critique d’Habermas est différente de celle des philosophes de l’École de Francfort, en partie parce qu’il démontre un certain intérêt pour la liberté individuelle et croit qu’il est nécessaire que les diverses institutions dans la société doivent protéger les gens contre l’extrémisme politique. En ce qui concerne la théorie de l’action communicative d’Habermas, Dakroury (2011) explique que cette théorie repose sur deux éléments importants : l’affirmation de validité (« validity claims ») et la situation idéale du discours (« ideal speech situation »). Pour décrire cette dernière théorie, Bolton (2003) écrit : « Communication action is individual action designed to promote common understanding in a group and to promote cooperation, as opposed to ‘stategic action’ designed simply to achieve one’s personal goals » (p. 2).
Suite à notre analyse de la sphère publique d’Habermas, il serait intéressant à évaluer la question suivante : comment peut-on décrire l’état actuel de l’espace public? Tout d’abord, il est certain que l’arrivé d’Internet et des nouveaux médias ont drastiquement changé notre compréhension de la notion d’espace public, comme « les médias sont aujourd’hui partie prenante dans la constitution de ces espaces publics pluriels » (Breton & Proulx, 2002, p. 207). Breton & Proulx (2002) explique que « [d]epuis l’avènement des médias électroniques de communication, [on] constate que l’espace public social ne s’arrête plus nécessairement aux frontières de chaque société civile » (p. 207). Plusieurs gens avancent l’argument que les médias n’informent plus le public, surtout au sujet des débats sociaux importants. Les médias sont dorénavant une source de distraction et de divertissement qui n’élaborent pas sur les sujets importants. Comme Breton & Proulx (2002) l’explique bien, « [n]ous aurions maintenant affaire à un espace public pluriel régulé par les règles et contraintes de la mise en spectacle médiatique et par une logique de la technique plutôt que par les principes de l’éthique et du droit » (p. 208).
En deuxième lieu, un autre élément présenté en salle de classe est l’école de Palo Alto et l’importance de cette école de pensée dans le cadre des études de communication. Gregory Bateson et Paul Watzlawick sont deux parmi plusieurs fondateurs de l’école de Palo Alto. Cette école pensée s’inscrit avant tout dans le paradigme du constructivisme et les recherches menées par les auteurs de l’École de Palo Alto ont été beaucoup influencées par la cybernétique (Herrera Vega, 2011). Simplement dit, l’école de Palo Alto s’intéresse aux relations humaines et se rattache à une approche systémique, « c’est-à-dire l’ensemble des interactions qui régissent les individus lorsque ceux-ci communiquent entre eux » (Vella, 2001). De plus, les auteurs de cette école de pensée stipulent que « [l]a communication est liée au comportement des individus. Il n’y a pas de ‘non-comportement’ (le silence et l’inaction sont un comportement) » (http://www.communicationorale.com/palo.htm). Watzlawick est l’auteur qui a écrit cette fameuse phrase que les étudiants en communication connaissent très bien : « on ne peut pas ne pas communiquer ». En salle de classe, nous avons nommé les quatre axes que Watzlawick propose : a) l’inévitabilité de la communication; b) la méta-communication; c) la ponctuation de la communication; d) les éléments analogiques et numériques de la communication; et e) la symétrie des interactions entre individus (Herrera Vega, 2011). Bref, Watzlawick prétend que « [n]ous construisons le monde alors que nous pensons le percevoir. Ce que nous appelons ‘réalité’ ([soit] individuelle, sociale [ou] idéologique) est une interprétation, construite par et à travers la communication » (Watzlawick, 1992).
Lucien Sfez (1992), auteur du livre « Critique de la communication » propose une limite importante vis-à-vis l’école de Palo Alto. Cette limite qu’il analyse se rattache justement au niveau de l’idée qu’ « on ne peut pas ne pas communiquer ». Pour Sfez, « cette phrase de Watzlawick, cette profession de foi, correspond à une volonté implicite d’emprise (on ne peut lui échapper) du champ communicationnel sur les autres champs de recherche mais aussi sur toute forme d’activité humaine » (www.autosoft.fr/deasic/paloalto.pdf).
Enfin, un troisième élément que nous avons discuté pendant le mois de novembre s’agit du paradigme structuraliste. Charles S. Peirce, Ferdinand de Saussure et Claude Lévi-Strauss sont trois parmi plusieurs auteurs qui appartiennent à l’école structuraliste. En salle de cours, nous avons étudié la définition du structuralisme de Lévi-Strauss, qui s’inspire plutôt des phénomènes anthropologiques. Pour lui, « le structuralisme est l’application de cette méthode [structurale] d’abord aux termes de parenté, au tabou de l’inceste, à l’échanges des femmes » (Herrera Vega, 2011). De plus, il prétend aussi que « la société se ramène à la culture, la culture a des phénomènes de nature et que le symbole est purement d’origine linguistique » (Herrera Vega, 2011). C’est le troisième élément de cette liste qui est plutôt important pour nos fins en études des sciences de la communication. Dans le cadre du structuralisme, nous avons aussi discuté de la méthode sémiologique, qui a été développé notamment par Peirce (un logicien américan) et De Saussure (un linguiste provenant de la Suisse). Simplement dit, la sémiologie est l’étude des systèmes des signes. Arthur Asa Berger (2004) explique très bien ce concept : « [Semiotics is] the discipline that studies the nature of any system of meaning. Semiotics begin by identifying the sign as the elementary unit of a code and a code as any system of meaning. « (Berger, 2004, p. 143). Cependant, les notions de « signe » et de « code » demeurent deux éléments importants pour l’école structuraliste. Comme Roland Barthes le suggère, la sémiotique est très utile comme méthode pour déconstruire le sens et la signification des annonces publicitaires. D’ailleurs, un signe en tant que tel contient un « signifiant » (ce qui représente l’aspect concret d’une publicité) et un « signifié » (ce qui représente l’aspect abstrait). Dans son article, Barthes (1964) développe une analyse sémiotique pour déconstruire la publicité des pâtes « Panzani ». Il explique que le signifiant de la publicité Panzani s’agit du texte (« pâtes-sauce-parmesan, à l’italienne de luxe » qui se retrouve sur la publicité elle-même. De l’autre côté, le signifié s’agit du message symbolique implicite de la notion d’ « italianité » (Barthes, 1964).
Par ailleurs, lorsqu’on déconstruise les codes, signes et messages qui sont cachés sous la surface d’une publicité, nous pouvons vite comprendre qu’effectivement, les entreprises essaient de vendre aux consommateurs une certaine « expérience » ou des aspects symboliques qui n’impliquent pas nécessairement l’utilité pratique du produit quelconque. Par exemple, lorsqu’on évalue les annonces publicitaires d’Apple, on comprend très vite que cette compagnie en question est en train de nous vendre l’idée de la « simplicité ». De plus, des nombreuses compagnies de beauté tentent de vendre l’idée de l’élégance à travers leurs publicités de parfum.
Par ailleurs, lorsqu’on déconstruise les codes, signes et messages qui sont cachés sous la surface d’une publicité, nous pouvons vite comprendre qu’effectivement, les entreprises essaient de vendre aux consommateurs une certaine « expérience » ou des aspects symboliques qui n’impliquent pas nécessairement l’utilité pratique du produit quelconque. Par exemple, lorsqu’on évalue les annonces publicitaires d’Apple, on comprend très vite que cette compagnie en question est en train de nous vendre l’idée de la « simplicité ». De plus, des nombreuses compagnies de beauté tentent de vendre l’idée de l’élégance à travers leurs publicités de parfum.
En ce qui concerne les limites du structuralisme, cette école de pensée semble à ne pas prendre en considération l’histoire de l’homme et la notion de l’individualité des gens (http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/JMonnet/ses/coursocio/struct.html). De plus, Jacques Derrida (1930-2004), un philosophe français, avance l’argument que puisque l’école structuraliste met l’accent plutôt sur le phonocentrisme, les chercheurs de cette école de pensée mettent de côté l’importance de l’aspect écrit. Simplement dit, le phonocentrisme en philosophie est une « théorie [qui] privil[ège] la voix » plutôt que l’écriture (Dictionnaire Reverso, http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/phonocentrisme). Derrida « accuse [l’école structuraliste] de privilégier dans la langue sa forme verbale et “sonore” et de mettre au deuxième plan sa forme écrite, en faisant de l’écriture “le signe d’un signe”, un signe au deuxième degré » (Encyclopédie Larousse, http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/structuralisme/94130).
-Salim Saikaley
Références :
Barthes, R. (1962). « Rhétorique de l’image » dans Communications, n.4. http://www.google.ca/url?sa=t&rct=j&q=barthes%20rh%C3%A9torique%20de%20l%27image&source=web&cd=1&sqi=2&ved=0CBsQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.valeriemorignat.net%2Ftelechargements%2Froland_barthes_rhetorique_image.pdf&ei=iq7VTqS4J4rG0AGApo2NCQ&usg=AFQjCNEdqwfMNT7KABRfkvNfCyQEznQ4DA&cad=rja (consulté le 28 novembre 2011).
Berger, A. (2004). Making Sense of the Media : Key Texts in Media and Cultural Stuides. Malden, MA : Blackwell Publishing.
Bolton, Roger E. (2005). « Habermas’s Theory of Communicative Action and the Theory of Social Capital » Paper read at meeting of Association of American Geographers, Denver, Colorado, April 2005.
Breton, P. & Proulx, S. (2002). L’Explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle. Montréal : Boréal/La Découverte.
Encyclopédia Larousse. (2011). « Structuralisme » http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/structuralisme/94130 (consulté le 28 novembre 2011).
« Jürgen Habermas’s Communicative Reason: Triumphs and Limitations ». The Loch Journal. (n.d.). The Loch Journal. http://ldmac5.wordpress.com/2011/10/17/jurgen-habermas%E2%80%99s-communicative-reason-triumphs-and-limitations/ (consulté le 28 novembre 2011).
Herrera-Vega, E. (2011). Théories des communications : CMN 3509 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.
« Le structuralisme ». (n.d.). http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/JMonnet/ses/coursocio/struct.html (consulté le 28 novembre 2011).
Salha, D. (2010). Theories of the Media: CMN 2160 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.
Watzlawick, P. (1992). L’invention de la réalité : comment savons-nous ce que nous croyons savoir. Paris : Éditions du Seuil.
Vella, B. (2001). « L’école de Palo Alto ou une autre approche de la Communication ». http://www.buddhaline.net/spip.php?article545 (consulté le 28 novembre 2011).
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