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Monday, October 31, 2011

Blog du 31 octobre 2011 (Lasswell, Katz & Lazarsfeld et l'École de Francfort)


L’objectif de ce présent blog est de faire une récapitulation des théories et concepts qui ont été présentés dans le cadre du cours CMN 3509 (Théories des communications) durant le mois d’octobre 2011. Dans un premier temps, nous discuterons du modèle communicationnel avancé par Harold Lasswell. Dans un deuxième temps, nous ferons un résumé des théories proposées par Paul Lazarsfeld et Eliu Katz (1955). Enfin, il sera important d’évacuer les éléments importants proposés par l’École de Francfort.
Les théories de Lasswell figurent parmi les éléments les plus étudiés dans les sciences la de communication et j’ai déjà étudié ses travaux dans le cadre du programme de communication ici à l’Université d’Ottawa, notamment les cours Nouveaux médias et Théories des médias. Le modèle communicationnel de Lasswell s’inscrit dans le paradigme behavioriste et considère la communication principalement comme un acte de persuasion. Lasswell tente d’expliquer le phénomène de la communication en proposant cinq questions fondamentales : qui (analyse de contrôle), dit quoi (analyse du contenu), par quel canal (analyse du médium/des médias), à qui (analyse des audiences/étude de réception) et avec quels effets (évaluation des effets) (http://communicationtheory.org/lasswells-model/). 
Source: http://communicationtheory.org/lasswells-model/comment-page-1/
Ce modèle communicationnel apporte des améliorations au modèle de Shannon et Weaver en envisageant les processus de communication sous une différente (ou nouvelle) optique. Le modèle à cinq questions de Lasswell « dépasse la simple problématique de la transmission d’un message » et considère que « la communication est un processus dynamique » (Herrera-Vega, 2011).
Par contre, même si Lasswell propose un modèle de communication qui va au-delà du modèle de Shannon et Weaver (qui envisage la communication comme la transmission d’un message), le modèle de Lasswell demeure encore beaucoup trop simpliste et ne permet toujours pas une rétroaction (« feedback »). En ce qui concerne les limites du modèle de Lasswell, Breton et Proulx avance l’argument que « la formule de Lasswell va faire l’impasse sur la question du Pourquoi? Question qui serait en surplomb et qui ouvrirait sur la problématique du contrôle social et des fonctions du processus de communication dans son ensemble » (Breton & Proulx, 2002, p. 138). Bref, même si les auteurs des approches fonctionnalistes vont avancer des théories qui seront beaucoup plus acceptées par certains cercles académiques que les théories proposées par les approches behavioristes, « [l]es travaux des Lasswell participent en outre à fonder le domaine d’étude des politiques de communication » (Breton & Proulx, 2002, p. 140).
Contrairement au paradigme behavioriste qui avance l’idée que les médias ont un impact direct sur les audiences, les approches fonctionnalistes avancent l’argument que les médias exercent des effets indirects. Breton & Proulx (2002, p. 141) disent que « [l]es nombreux travaux empiriques menés par les équipes dirigées par Paul F. Lazarsfeld […] ouvriront vers un paradigme alternatif, celui des effets limités des médias sur les attitudes et les comportements». Après avoir effectué une étude sur l’élection présidentielle américaine de 1940, Katz & Lazarsfeld (1955) étaient en mesure d’avancer des arguments qui allaient à l’encontre des idées avancées par les approches behavioristes. La presse américaine a favorisée Wendel Willkie tout au long de l’élection présidentielle, mais c’était Franklin D. Roosevelt qui, au bout du compte, était celui qui a remporté les élections. Les auteurs des approches behavioristes auraient sans doute présumé une victoire pour Willkie parce qu’il avait l’appui des médias de masse et comme nous avons mentionné ci-dessus, les approches béhavioristes suggèrent que les médias exercent un impact direct sur les électeurs. Par contre, les résultats de la recherche de Katz & Lazarsfeld (1955) « démontrent que ce sont les leaders d’opinion, personnes influentes au sein d’un réseau de communication interpersonnelle, qui exercent un grand pouvoir auprès des électeurs plutôt que les médias » (Charest & Bédard, 2009 p. 14). Le modèle communicationnel de Katz & Lazarsfeld, nommé the two-step flow of communication suggère qu’il y a un intermédiaire entre les messages médiatiques et le grand public.
Source: http://www.utwente.nl/cw/theorieenoverzicht/Levels%20of%20theories/macro/Two-Step%20Flow%20Theory.doc/

Katz & Lazarsfeld argumentent que les messages des médias de masse sont d’abord filtrés par les groupes ou leaders d’opinion et que ces derniers jouent « un rôle de médiateurs entre les médias et la masse d’individus composant les publics » (Breton & Proulx, 2002, p. 148). À mon avis, je crois qu’Oprah Winfrey figure parmi les leaders d’opinion les plus influents de nos jours. Lorsqu’Oprah démontre un grand intérêt pour un produit quelconque, il est presque certain que les ventes de ce produit en question vont augmenter, vu que son audience compte plusieurs millions de spectateurs. En faisant référence au fameux « Oprah effect », Ben Minzesheimer (USA TODAY) écrit : « Reading groups were active long before Winfrey launched her book club in 1996. But she popularized the idea and created instant best sellers […] More so than newspapers and magazines, TV and radio personalities are driving book sales, says Borders vice president Anne Kubek » (Minzesheimer, 2004). En 2007, Oprah a appuyé Barack Obama comme candidat pour l’élection présidentielle américaine de 2008 et la recherche de Craig Garthwaite et Tim Moore, deux professeurs  à l’Université de Maryland démontre que l'« Oprah effect » a aidé Barack Obama à gagner plus d’un million de votes (Wallace, 2008). 
Source: http://ca.eonline.com/news/oprah_not_up_promoting_palinmdashyet/27462
 
En ce qui concerne les limites des théories avancées par Katz & Lazarsfeld (l’École de Columbia), Breton & Proulx (2002) écrivent que plusieurs sociologues européens, notamment Edgar Morin argumentent que les recherches empiristes menées pas l’École de Columbia ne prennent pas en considération les dimensions historiques. De plus, Breton & Proulx (2002, p, 53) mentionnent «[qu’]Edgar Morin observa ainsi que l’étude empirique des communications de masse s’isolait de toute sociologie de la culture ». Les travaux s’inscrivant dans le paradigme institutionnel ont aussi critiqué les idées et modèles communicationnels avancés par Katz & Lazarsfeld. Un argument relevé par le paradigme institutionnel est que Lazarsfeld a tort « lorsqu’il sous-estime l’influence politique des médias en amalgamant le vote et les processus de décisions dans d’autres domaines » (Herrera Vega, 2011). Les recherchistes du paradigme institutionnel argumentent que les médias exercent un certain pouvoir sur le monde politique, ce qui est une idée qui se penche plutôt vers le behaviorisme. (Herrera Vega, 2011).
Enfin, un troisième élément qui a été présenté en salle de classe est l’École de Francfort, qui est une école de pensée qui s’inscrit avant tout dans le paradigme critique. Max Horkheimer est considéré comme la figure de proue de l’École de Francfort et Adorno, Marcuse, Fromm et Reich sont d’autres recherchistes bien respectés (Dupont, 2011). Breton & Proulx (2002) expliquent que ce courant de pensée « s’agit de la pensée critique des philosophes allemands qui se regroupèrent à partir de 1923 » et s'est fondé à partir du « contexte de la montée du fascisme européen, et résolument en contradiction avec la pensée conservatrice précédente » (Breton & Proulx, 2002, p. 170). Les auteurs de l’École de Francfort ont beaucoup critiqué la culture de masse américaine et leurs recherches argumentent que la culture de masse est effectivement autoritaire. De plus, nous avons aussi mentionné en salle de classe que les idées avancées par l'École de Francfort, voire le paradigme critique allait à l'encontre à celles présentées par Karl Popper. Ce dernier philosophe soutenait une théorie de rationalité (rationalisme critique), mais le paradigme critique proposait un refus d'une rationalité qui devient oppressive. L'École de Francfort « refus[ait] d’accepter la vision des sciences sociales qui considère la société en tant qu’objet [naturel] et la rationalité comme sa problématique » (Herrera Vega, 2011). Bref, pour Dupont (2011), la proposition fondamentale de l’École de Francfort est que « la culture de masse et les médias deviennent le moyen de détruire la subjectivité humaine ».

-Salim Saikaley

Références:

Andacht, F. (2009). Théories des médias: CMN 2560 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.

Breton, P. & Proulx, S. (2002). L’Explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle. Montréal : Boréal/La Découverte.

Charest. F, & Bédard F. (2009). Les racines communicationnelles du Web. Presses de l’Université du Québec : Québec.

Dupont, L. (2011). Culture populaire et communication [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.

Herrera-Vega, E. (2011). Théories des communications : CMN 3509 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.

Katz, E. (1960[1957]). « The Two-Step Flow of Communication », dans W. Schramm (dir.), Mass Communications, 2e édition. Urbana: University of Illinois Press.

Lasswell's model. (n.d.). Communication Theory. http://communicationtheory.org/lasswells-model/ (consulté le 27 octobre, 2011).

Minzesheimer, B. (2004, 3 octobre). 10 years of best sellers : How the landscape has changed. USA TODAY. http://www.usatoday.com/life/books/news/2004-03-10-bookslist-decade-main_x.htm (consulté le 27 octobre, 2011).

Wallace, G. (2008, 6 août). The Oprah Effect on Obama. ABC News. http://abcnews.go.com/blogs/politics/2008/08/the-oprah-effec/ (consulté le 27 octobre).

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