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Thursday, December 1, 2011

Blog du 1er décembre 2011


Dans ce présent blog, nous tenterons de faire une révision de plusieurs théories et concepts qui ont été présentés durant le mois de novembre et expliquer comment ces concepts sont importants pour les études des communications. Dans un premier temps, nous discuterons d’Habermas et sa notion « d’espace public/sphère publique». Deuxièmement, il sera important d’expliquer les éléments importants que proposent Gregory Bateson et Paul Watzlawick qui sont deux fondateurs de l’école de Palo Alto. Troisièmement, nous discuterons au sujet du structuralisme, plus particulièrement sur la sémiotique et son importance quant à la publicité.
Jürgen Habermas est un philosophe et sociologue d’origine allemande et ses travaux sont particulièrement importants pour les études de communication. Je crois que j’ai étudié ses théories et concepts dans une mesure ou une autre dans presque tous mes cours de communication que j’ai suivi pendant mon séjour à l’Université d’Ottawa. Pour Habermas, la communication est au cœur de la démocratie et c’est justement le langage qui permet le rapprochement des humains. « Linguistic communication through both verbal and symbolic exchanges, in the grand scheme of society, represents an essential part of social reproduction; that is, the dissemination, almost universalisation, of ideas and principles that inform the way society is organised. » (http://ldmac5.wordpress.com/2011/10/17/jurgen-habermas%E2%80%99s-communicative-reason-triumphs-and-limitations/) En 1962, Habermas nous présente un concept qui est d’ailleurs très important pour les sciences de l’information et de la communication: l’idée d’une sphère publique (ou espace public). Cette notion de sphère publique existe tout d’abord en lien avec la montée du modernisme (Salha, 2011). Le modèle de la sphère publique proposé par Habermas est avant tout un modèle rationaliste. Breton & Proulx (2002) explique que la sphère publique est un « espace rationnel où se discutent les questions pratiques et politiques, où la capacité de conviction des membres d’une société les uns envers les autres tient essentiellement à la rationalité des arguments; l’espace public agit ici comme instance médiatrice entre l’État, la famille et la société civile » (Breton & Proulx, 2002, p. 205). Salha (2011) explique que la pensée critique d’Habermas est différente de celle des philosophes de l’École de Francfort, en partie parce qu’il démontre un certain intérêt pour la liberté individuelle et croit qu’il est nécessaire que les diverses institutions dans la société doivent protéger les gens contre l’extrémisme politique. En ce qui concerne la théorie de l’action communicative d’Habermas, Dakroury (2011) explique que cette théorie repose sur deux éléments importants : l’affirmation de validité (« validity claims ») et la situation idéale du discours (« ideal speech situation »). Pour décrire cette dernière théorie, Bolton (2003) écrit : « Communication action is individual action designed to promote common understanding in a group and to promote cooperation, as opposed to ‘stategic action’ designed simply to achieve one’s personal goals » (p. 2).
Suite à notre analyse de la sphère publique d’Habermas, il serait intéressant à évaluer la question suivante : comment peut-on décrire l’état actuel de l’espace public? Tout d’abord, il est certain que l’arrivé d’Internet et des nouveaux médias ont drastiquement changé notre compréhension de la notion d’espace public, comme « les médias sont aujourd’hui partie prenante dans la constitution de ces espaces publics pluriels » (Breton & Proulx, 2002, p. 207). Breton & Proulx (2002) explique que « [d]epuis l’avènement des médias électroniques de communication, [on] constate que l’espace public social ne s’arrête plus nécessairement aux frontières de chaque société civile » (p. 207). Plusieurs gens avancent l’argument que les médias n’informent plus le public, surtout au sujet des débats sociaux importants. Les médias sont dorénavant une source de distraction et de divertissement qui n’élaborent pas sur les sujets importants. Comme Breton & Proulx (2002) l’explique bien, « [n]ous aurions maintenant affaire à un espace public pluriel régulé par les règles et contraintes de la mise en spectacle médiatique et par une logique de la technique plutôt que par les principes de l’éthique et du droit » (p. 208).
En deuxième lieu, un autre élément présenté en salle de classe est l’école de Palo Alto et l’importance de cette école de pensée dans le cadre des études de communication. Gregory Bateson et Paul Watzlawick sont deux parmi plusieurs fondateurs de l’école de Palo Alto. Cette école pensée s’inscrit avant tout dans le paradigme du constructivisme et les recherches menées par les auteurs de l’École de Palo Alto ont été beaucoup influencées par la cybernétique (Herrera Vega, 2011). Simplement dit, l’école de Palo Alto s’intéresse aux relations humaines et se rattache à une approche systémique, « c’est-à-dire l’ensemble des interactions qui régissent les individus lorsque ceux-ci communiquent entre eux » (Vella, 2001). De plus, les auteurs de cette école de pensée stipulent que « [l]a communication est liée au comportement des individus. Il n’y a pas de ‘non-comportement’ (le silence et l’inaction sont un comportement) » (http://www.communicationorale.com/palo.htm). Watzlawick est l’auteur qui a écrit cette fameuse phrase que les étudiants en communication connaissent très bien : « on ne peut pas ne pas communiquer ». En salle de classe, nous avons nommé les quatre axes que Watzlawick propose : a) l’inévitabilité de la communication; b) la méta-communication; c) la ponctuation de la communication; d) les éléments analogiques et numériques de la communication; et e) la symétrie des interactions entre individus (Herrera Vega, 2011). Bref, Watzlawick prétend que « [n]ous construisons le monde alors que nous pensons le percevoir. Ce que nous appelons ‘réalité’ ([soit] individuelle, sociale [ou] idéologique) est une interprétation, construite par et à travers la communication » (Watzlawick, 1992).
Lucien Sfez (1992), auteur du livre « Critique de la communication » propose une limite importante vis-à-vis l’école de Palo Alto. Cette limite qu’il analyse se rattache justement au niveau de l’idée qu’ « on ne peut pas ne pas communiquer ». Pour Sfez, « cette phrase de Watzlawick, cette profession de foi, correspond à une volonté implicite d’emprise (on ne peut lui échapper) du champ communicationnel sur les autres champs de recherche mais aussi sur toute forme d’activité humaine » (www.autosoft.fr/deasic/paloalto.pdf).

Enfin, un troisième élément que nous avons discuté pendant le mois de novembre s’agit du paradigme structuraliste. Charles S. Peirce, Ferdinand de Saussure et Claude Lévi-Strauss sont trois parmi plusieurs auteurs qui appartiennent à l’école structuraliste. En salle de cours, nous avons étudié la définition du structuralisme de Lévi-Strauss, qui s’inspire plutôt des phénomènes anthropologiques. Pour lui, « le structuralisme est l’application de cette méthode [structurale] d’abord aux termes de parenté, au tabou de l’inceste, à l’échanges des femmes » (Herrera Vega, 2011). De plus, il prétend aussi que « la société se ramène à la culture, la culture a des phénomènes de nature et que le symbole est purement d’origine linguistique » (Herrera Vega, 2011). C’est le troisième élément de cette liste qui est plutôt important pour nos fins en études des sciences de la communication. Dans le cadre du structuralisme, nous avons aussi discuté de la méthode sémiologique, qui a été développé notamment par Peirce (un logicien américan) et De Saussure (un linguiste provenant de la Suisse). Simplement dit, la sémiologie est l’étude des systèmes des signes. Arthur Asa Berger (2004) explique très bien ce concept : « [Semiotics is] the discipline that studies the nature of any system of meaning. Semiotics begin by identifying the sign as the elementary unit of a code and a code as any system of meaning. «  (Berger, 2004, p. 143). Cependant, les notions de « signe » et de « code » demeurent deux éléments importants pour l’école structuraliste. Comme Roland Barthes le suggère, la sémiotique est très utile comme méthode pour déconstruire le sens et la signification des annonces publicitaires. D’ailleurs, un signe en tant que tel contient un « signifiant » (ce qui représente l’aspect concret d’une publicité) et un « signifié » (ce qui représente l’aspect abstrait). Dans son article, Barthes (1964) développe une analyse sémiotique pour déconstruire la publicité des pâtes « Panzani ». Il explique que le signifiant de la publicité Panzani s’agit du texte (« pâtes-sauce-parmesan, à l’italienne de luxe » qui se retrouve sur la publicité elle-même. De l’autre côté, le signifié s’agit du message symbolique implicite de la notion d’ « italianité » (Barthes, 1964).
Par ailleurs, lorsqu’on déconstruise les codes, signes et messages qui sont cachés sous la surface d’une publicité, nous pouvons vite comprendre qu’effectivement, les entreprises essaient de vendre aux consommateurs une certaine « expérience » ou des aspects symboliques qui n’impliquent pas nécessairement l’utilité pratique du produit quelconque. Par exemple, lorsqu’on évalue les annonces publicitaires d’Apple, on comprend très vite que cette compagnie en question est en train de nous vendre l’idée de la « simplicité ». De plus, des nombreuses compagnies de beauté tentent de vendre l’idée de l’élégance à travers leurs publicités de parfum.
En ce qui concerne les limites du structuralisme, cette école de pensée semble à ne pas prendre en considération l’histoire de l’homme et la notion de l’individualité des gens (http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/JMonnet/ses/coursocio/struct.html). De plus, Jacques Derrida (1930-2004), un philosophe français, avance l’argument que puisque l’école structuraliste met l’accent plutôt sur le phonocentrisme, les chercheurs de cette école de pensée mettent de côté l’importance de l’aspect écrit. Simplement dit, le phonocentrisme en philosophie est une « théorie [qui] privil[ège] la voix » plutôt que l’écriture (Dictionnaire Reverso, http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/phonocentrisme). Derrida « accuse [l’école structuraliste] de privilégier dans la langue sa forme verbale et “sonore” et de mettre au deuxième plan sa forme écrite, en faisant de l’écriture “le signe d’un signe”, un signe au deuxième degré » (Encyclopédie Larousse, http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/structuralisme/94130). 

 -Salim Saikaley

Références :
Berger, A. (2004). Making Sense of the Media : Key Texts in Media and Cultural Stuides. Malden, MA : Blackwell Publishing.
Bolton, Roger E. (2005). « Habermas’s Theory of Communicative Action and the Theory of Social Capital » Paper read at meeting of Association of American Geographers, Denver, Colorado, April 2005.
Breton, P. & Proulx, S. (2002). L’Explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle. Montréal : Boréal/La Découverte.
Encyclopédia Larousse. (2011). « Structuralisme » http://www.larousse.fr/encyclopedie/nom-commun-nom/structuralisme/94130 (consulté le 28 novembre 2011).
« Jürgen Habermas’s Communicative Reason: Triumphs and Limitations ». The Loch Journal. (n.d.). The Loch Journal. http://ldmac5.wordpress.com/2011/10/17/jurgen-habermas%E2%80%99s-communicative-reason-triumphs-and-limitations/ (consulté le 28 novembre 2011).
Herrera-Vega, E. (2011). Théories des communications : CMN 3509 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.
« Le structuralisme ». (n.d.). http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/JMonnet/ses/coursocio/struct.html (consulté le 28 novembre 2011).
Salha, D. (2010). Theories of the Media: CMN 2160 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.
Watzlawick, P. (1992). L’invention de la réalité : comment savons-nous ce que nous croyons savoir. Paris : Éditions du Seuil.
Vella, B. (2001). « L’école de Palo Alto ou une autre approche de la Communication ». http://www.buddhaline.net/spip.php?article545 (consulté le 28 novembre 2011).

Monday, October 31, 2011

Blog du 31 octobre 2011 (Lasswell, Katz & Lazarsfeld et l'École de Francfort)


L’objectif de ce présent blog est de faire une récapitulation des théories et concepts qui ont été présentés dans le cadre du cours CMN 3509 (Théories des communications) durant le mois d’octobre 2011. Dans un premier temps, nous discuterons du modèle communicationnel avancé par Harold Lasswell. Dans un deuxième temps, nous ferons un résumé des théories proposées par Paul Lazarsfeld et Eliu Katz (1955). Enfin, il sera important d’évacuer les éléments importants proposés par l’École de Francfort.
Les théories de Lasswell figurent parmi les éléments les plus étudiés dans les sciences la de communication et j’ai déjà étudié ses travaux dans le cadre du programme de communication ici à l’Université d’Ottawa, notamment les cours Nouveaux médias et Théories des médias. Le modèle communicationnel de Lasswell s’inscrit dans le paradigme behavioriste et considère la communication principalement comme un acte de persuasion. Lasswell tente d’expliquer le phénomène de la communication en proposant cinq questions fondamentales : qui (analyse de contrôle), dit quoi (analyse du contenu), par quel canal (analyse du médium/des médias), à qui (analyse des audiences/étude de réception) et avec quels effets (évaluation des effets) (http://communicationtheory.org/lasswells-model/). 
Source: http://communicationtheory.org/lasswells-model/comment-page-1/
Ce modèle communicationnel apporte des améliorations au modèle de Shannon et Weaver en envisageant les processus de communication sous une différente (ou nouvelle) optique. Le modèle à cinq questions de Lasswell « dépasse la simple problématique de la transmission d’un message » et considère que « la communication est un processus dynamique » (Herrera-Vega, 2011).
Par contre, même si Lasswell propose un modèle de communication qui va au-delà du modèle de Shannon et Weaver (qui envisage la communication comme la transmission d’un message), le modèle de Lasswell demeure encore beaucoup trop simpliste et ne permet toujours pas une rétroaction (« feedback »). En ce qui concerne les limites du modèle de Lasswell, Breton et Proulx avance l’argument que « la formule de Lasswell va faire l’impasse sur la question du Pourquoi? Question qui serait en surplomb et qui ouvrirait sur la problématique du contrôle social et des fonctions du processus de communication dans son ensemble » (Breton & Proulx, 2002, p. 138). Bref, même si les auteurs des approches fonctionnalistes vont avancer des théories qui seront beaucoup plus acceptées par certains cercles académiques que les théories proposées par les approches behavioristes, « [l]es travaux des Lasswell participent en outre à fonder le domaine d’étude des politiques de communication » (Breton & Proulx, 2002, p. 140).
Contrairement au paradigme behavioriste qui avance l’idée que les médias ont un impact direct sur les audiences, les approches fonctionnalistes avancent l’argument que les médias exercent des effets indirects. Breton & Proulx (2002, p. 141) disent que « [l]es nombreux travaux empiriques menés par les équipes dirigées par Paul F. Lazarsfeld […] ouvriront vers un paradigme alternatif, celui des effets limités des médias sur les attitudes et les comportements». Après avoir effectué une étude sur l’élection présidentielle américaine de 1940, Katz & Lazarsfeld (1955) étaient en mesure d’avancer des arguments qui allaient à l’encontre des idées avancées par les approches behavioristes. La presse américaine a favorisée Wendel Willkie tout au long de l’élection présidentielle, mais c’était Franklin D. Roosevelt qui, au bout du compte, était celui qui a remporté les élections. Les auteurs des approches behavioristes auraient sans doute présumé une victoire pour Willkie parce qu’il avait l’appui des médias de masse et comme nous avons mentionné ci-dessus, les approches béhavioristes suggèrent que les médias exercent un impact direct sur les électeurs. Par contre, les résultats de la recherche de Katz & Lazarsfeld (1955) « démontrent que ce sont les leaders d’opinion, personnes influentes au sein d’un réseau de communication interpersonnelle, qui exercent un grand pouvoir auprès des électeurs plutôt que les médias » (Charest & Bédard, 2009 p. 14). Le modèle communicationnel de Katz & Lazarsfeld, nommé the two-step flow of communication suggère qu’il y a un intermédiaire entre les messages médiatiques et le grand public.
Source: http://www.utwente.nl/cw/theorieenoverzicht/Levels%20of%20theories/macro/Two-Step%20Flow%20Theory.doc/

Katz & Lazarsfeld argumentent que les messages des médias de masse sont d’abord filtrés par les groupes ou leaders d’opinion et que ces derniers jouent « un rôle de médiateurs entre les médias et la masse d’individus composant les publics » (Breton & Proulx, 2002, p. 148). À mon avis, je crois qu’Oprah Winfrey figure parmi les leaders d’opinion les plus influents de nos jours. Lorsqu’Oprah démontre un grand intérêt pour un produit quelconque, il est presque certain que les ventes de ce produit en question vont augmenter, vu que son audience compte plusieurs millions de spectateurs. En faisant référence au fameux « Oprah effect », Ben Minzesheimer (USA TODAY) écrit : « Reading groups were active long before Winfrey launched her book club in 1996. But she popularized the idea and created instant best sellers […] More so than newspapers and magazines, TV and radio personalities are driving book sales, says Borders vice president Anne Kubek » (Minzesheimer, 2004). En 2007, Oprah a appuyé Barack Obama comme candidat pour l’élection présidentielle américaine de 2008 et la recherche de Craig Garthwaite et Tim Moore, deux professeurs  à l’Université de Maryland démontre que l'« Oprah effect » a aidé Barack Obama à gagner plus d’un million de votes (Wallace, 2008). 
Source: http://ca.eonline.com/news/oprah_not_up_promoting_palinmdashyet/27462
 
En ce qui concerne les limites des théories avancées par Katz & Lazarsfeld (l’École de Columbia), Breton & Proulx (2002) écrivent que plusieurs sociologues européens, notamment Edgar Morin argumentent que les recherches empiristes menées pas l’École de Columbia ne prennent pas en considération les dimensions historiques. De plus, Breton & Proulx (2002, p, 53) mentionnent «[qu’]Edgar Morin observa ainsi que l’étude empirique des communications de masse s’isolait de toute sociologie de la culture ». Les travaux s’inscrivant dans le paradigme institutionnel ont aussi critiqué les idées et modèles communicationnels avancés par Katz & Lazarsfeld. Un argument relevé par le paradigme institutionnel est que Lazarsfeld a tort « lorsqu’il sous-estime l’influence politique des médias en amalgamant le vote et les processus de décisions dans d’autres domaines » (Herrera Vega, 2011). Les recherchistes du paradigme institutionnel argumentent que les médias exercent un certain pouvoir sur le monde politique, ce qui est une idée qui se penche plutôt vers le behaviorisme. (Herrera Vega, 2011).
Enfin, un troisième élément qui a été présenté en salle de classe est l’École de Francfort, qui est une école de pensée qui s’inscrit avant tout dans le paradigme critique. Max Horkheimer est considéré comme la figure de proue de l’École de Francfort et Adorno, Marcuse, Fromm et Reich sont d’autres recherchistes bien respectés (Dupont, 2011). Breton & Proulx (2002) expliquent que ce courant de pensée « s’agit de la pensée critique des philosophes allemands qui se regroupèrent à partir de 1923 » et s'est fondé à partir du « contexte de la montée du fascisme européen, et résolument en contradiction avec la pensée conservatrice précédente » (Breton & Proulx, 2002, p. 170). Les auteurs de l’École de Francfort ont beaucoup critiqué la culture de masse américaine et leurs recherches argumentent que la culture de masse est effectivement autoritaire. De plus, nous avons aussi mentionné en salle de classe que les idées avancées par l'École de Francfort, voire le paradigme critique allait à l'encontre à celles présentées par Karl Popper. Ce dernier philosophe soutenait une théorie de rationalité (rationalisme critique), mais le paradigme critique proposait un refus d'une rationalité qui devient oppressive. L'École de Francfort « refus[ait] d’accepter la vision des sciences sociales qui considère la société en tant qu’objet [naturel] et la rationalité comme sa problématique » (Herrera Vega, 2011). Bref, pour Dupont (2011), la proposition fondamentale de l’École de Francfort est que « la culture de masse et les médias deviennent le moyen de détruire la subjectivité humaine ».

-Salim Saikaley

Références:

Andacht, F. (2009). Théories des médias: CMN 2560 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.

Breton, P. & Proulx, S. (2002). L’Explosion de la communication à l’aube du XXIe siècle. Montréal : Boréal/La Découverte.

Charest. F, & Bédard F. (2009). Les racines communicationnelles du Web. Presses de l’Université du Québec : Québec.

Dupont, L. (2011). Culture populaire et communication [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.

Herrera-Vega, E. (2011). Théories des communications : CMN 3509 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.

Katz, E. (1960[1957]). « The Two-Step Flow of Communication », dans W. Schramm (dir.), Mass Communications, 2e édition. Urbana: University of Illinois Press.

Lasswell's model. (n.d.). Communication Theory. http://communicationtheory.org/lasswells-model/ (consulté le 27 octobre, 2011).

Minzesheimer, B. (2004, 3 octobre). 10 years of best sellers : How the landscape has changed. USA TODAY. http://www.usatoday.com/life/books/news/2004-03-10-bookslist-decade-main_x.htm (consulté le 27 octobre, 2011).

Wallace, G. (2008, 6 août). The Oprah Effect on Obama. ABC News. http://abcnews.go.com/blogs/politics/2008/08/the-oprah-effec/ (consulté le 27 octobre).

Thursday, September 29, 2011

Blog du 29 septembre 2011


Dans ce présent blog, nous tenterons de faire une révision de plusieurs concepts et éléments présentés dans le cours CMN 3509 (Théories des communications) pendant le mois de septembre. Il sera aussi important de résumer et analyser certaines lectures, qu’à mon avis, étaient particulièrement intéressantes. En premier lieu, nous discuterons des principaux concepts, notions clés, ainsi que les limitations du modèle de Shannon et Weaver (1949). En deuxième lieu, nous allons ressortir les concepts clés qu’Éric Dacheux (2004) propose dans son article « La communication : éléments de synthèse». En troisième lieu, nous discuterons de l’article intitulé « Fonctions latentes du téléphone : ce qui manque lorsque la ligne est coupée » d’Alan Wurtzel et Colin Turner (1992).


Le modèle de Shannon et Weaver, aussi connu comme la théorie mathématique de l’information est un élément d’étude fort important que j’ai étudié dans plusieurs cours de communication que j’ai suivi pendant mon séjour à l’Université d’Ottawa. Dans ce modèle linéaire simple, le processus de communication est réduit à une expression assez simpliste (Bonneville, 2009). Blanchet & Trognon (1994, p. 61) disent que « [l]e schéma le plus général d’un processus de communication est dû à Weaver et Shannon (1949) ». Dans son ouvrage nommé « A Mathematical Theory of Communication », Shannon (1948) énumère les 5 parties qui composent son système de communication. Le modèle classique consiste d’abord d’un émetteur (source d’information), un transmetteur, un canal, un récepteur et une destination. Éssentiellement, l’émetteur est la source de l’information et c’est lui qui est responsable de la manière que cette information est codifiée. Le transmetteur « transforme le message en une suite de signaux susceptibles d’être transmis par le canal » (Herrera-Vega, 2011). Le canal est le médium (les fils téléphoniques, par exemple) qui est responsable de transmettre les signaux du transmetteur jusqu’au récepteur (Shannon, 1948, p. 2). Ensuite, le message passe par le récepteur et aboutit à sa destination, qui est la personne qui reçoit l’information de l’émetteur. Avec un tel modèle, le souci qui nous préoccupe est de s’assurer que le récepteur est capable de recevoir l’information avec un maximum d’exactitude.
Le modèle de Shannon et Weaver a apporté une contribution très importante aux sciences de la communication, mais c’est un modèle assez simple et il y a d’ailleurs plusieurs limites importantes que nous devons souligner. « Il concernait au départ la communication téléphonique et à cet égard il décrit très imparfaitement la communication humaine » (Blanchet & Trognon, 1994, p. 61). Tout d’abord, le modèle télégraphique de Shannon & Weaver (1949) ne transmet aucune signification dans les messages au récepteur et ne donne pas l’occasion d’avoir une rétroaction (feedback). Également, l’information transmise peut être facilement déformée par un grand nombre de bruits ou phénomènes parasites qui subissent au niveau du canal. C’est-à-dire que dans plusieurs cas, l’information ou le message risque d’être mal interprété ou mal compris par le récepteur. Bonneville (2009) énumère deux principaux types de bruits : les bruits physiques et les bruits sémantiques. Les six obstacles ou bruits qui peuvent déformer l’information sont les sources de distraction environnementales, les problèmes sémantiques, les messages contradictoires, les différences culturelles, le manque de rétroaction et les effets de la position hiérarchique (Bonneville, 2009).


L’ouvrage d’Éric Dacheux (2004) intitulé « La communication : éléments de synthèse » est un article intéressant qui était à l’étude ce mois-ci. Selon moi, son article est écrit à partir d’une vision assez critique et il nous explique très clairement certaines limitations importantes du modèle élémentaire de Shannon & Weaver (1949). Dacheux (2004) argumente qu’afin de comprendre et saisir dans une grande mesure un phénomène ou sujet de recherche quelconque, il est primordial d’utiliser un grand éventail d’outils, comme les contributions et théories d’autres chercheurs. L’auteur nous invite à comprendre qu’il est primordial d’adopter « une nouvelle épistémologie incarnée […] par Paul Feyerabend » qui stipule « [qu’][o]n ne peut faire avancer la science, en plus d’un cas, qu’à condition de faire communiquer des théories opposées » (Dacheux, 2004, p. 63). Dacheux (2004) affirme que le modèle de Shannon & Weaver (1949) est beaucoup trop simpliste pour comprendre la complexité du phénomène de la communication. Pour lui, les notions « communication » et « information » doivent être considérées comme étant des notions asymétriques. « [L]a communication n’est pas la transmission d’un message, mais la co-constitution incertaine d’une signification […] [L]a communication renvoie toujours à la notion de signification »  (Dacheux, 2004, p. 64). Dacheux ajoute qu’il ne faut pas nécessairement une communication verbale pour avoir une transmission de signification, car dans une communication non verbale, « les participants attribuent une signification au comportement des autres participants » (Dacheux, 2004, p. 64-5). Dans ce cas, on pourrait utiliser comme exemple le clip YouTube visionné en salle de cours nommé « Signs » (Hughes, 2009). Dans le clip, l’homme et la femme communiquent entièrement d’une manière non verbale et la signification était effectivement transmise à travers cette communication non verbale. Ces derniers font l’utilisation du langage et des gestes corporels et communiquent en écrivant des messages et symboles sur des feuilles de papier.
Vers la fin de son article, Dacheux nomme trois éléments de synthèse importants vis-à-vis la communication : a) « l’interdisciplinarité des recherches en communication »; b) « l’ambivalence de la communication; et c) les quatre critères de la communication, soit l’espace, le temps, la technique, ainsi que la situation de communication (Dacheux, 2004, p.67-9).


Un autre article que j’ai trouvé particulièrement intéressant est celui de Wurtzel & Turner (1992) nommé « Fonctions latentes du téléphone : ce qui manque lorsque la ligne est coupée ». Les auteurs ont fait une recherche au sujet d’une panne téléphonique datant du 27 février 1975 qui a affecté une zone à Manhattan dans la ville de New York pendant 23 jours. D’après les chercheurs, le feu qui a engendré la panne « réduisit douze centraux au silence, déconnecta 144 755 postes téléphoniques et interrompit les communications de 90 399 abonnés » (Wurtzel & Turner, 1992, p. 133). En ce qui concerne la méthode de recherche que les chercheurs ont privilégiée, 600 numéros de téléphone ont été composés de manière aléatoire et les chercheurs ont obtenu un taux de participation de 60% (Wurtzel & Turner, 1992, p. 135). En bref, 90% des gens interviewés au téléphone ont dit que le téléphone était nécessaire comme moyen de communication, qui entre autres choses, réduit l’isolement, l’anxiété et la solitude et aide à développer un certain sentiment de sécurité. Donc, dans une époque où les gens n’avaient pas l’accès à l’Internet dans leurs domiciles, le téléphone était simplement indispensable aux gens habitant dans une région urbaine. « Pour la majorité des membres de l’échantillon, ni l’échange de lettres ni le flot à sens unique de la communication de masse n’ont pu remplacer l’interaction immédiate offerte par le téléphone » (Wurtzel & Turner, 1992, p. 139).
Enfin, selon moi, je crois que plusieurs personnes aujourd’hui pourraient vivre sans un téléphone fixe et en même temps, ne pas se sentir trop isolé. Par contre, de nos jours, l’Internet demeure certainement comme étant le médium de communication indispensable.
-Salim Saikaley
29/09/11


Références:
Blanchet, A., & Trognon A. (1994). La psychologie des groupes. Paris : Nathan.

Bonneville, L. (2009). Introduction à la communication organisationnelle : CMN 1548 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.
Dacheux Eric. La communication : éléments de synthèse. In : Communication et langages. N° 141, 3ième trimètre 2004. Pp. 61-70.

Herrera-Vega, E. (2011). Théories des communications : CMN 3509 [Notes de cours]. Ottawa, Canada : Université d’Ottawa, Département de communication.
Hughes, P. (2009, 29 janvier). Signs [Vidéo clip]. http://www.youtube.com/watch?v=uy0HNWto0UY 

Shannon, C.E. (1948). A Mathematical Theory of Communication. The Bell System Technical Journal, (27), 379-423, 623-656.
 

Wurtzel Alan H., Turner Colin, Massachusetts Institute of Technology Press, Gamberini Marie-Christine. Fonctions latentes du téléphone : ce qui manque lorsque la ligne est coupée. In : Réseaux, 1992, volume 10 N°55 pp. 131-143.